Extrait des Lignes directrices de l’anthroposophie :
1. L’anthroposophie est un chemin de connaissance qui voudrait mener le spirituel qui est en l’homme au spirituel qui est en l’univers. Elle apparait en l’homme comme un besoin du cœur et du sentiment. Elle doit se justifier par le fait qu’elle peut satisfaire ce besoin. Seul celui qui trouve en elle ce qu’il doit rechercher à partir de son cœur peut reconnaître l’anthroposophie. Ne peuvent de ce fait être anthroposophes que des êtres humains qui éprouvent certaines questions sur l’essence de l’homme et du monde comme des nécessités vitales, ainsi qu’on éprouve la faim et la soif.
2. L’anthroposophie communique des connaissances obtenues de façon spirituelle. Cependant, elle fait cela uniquement parce que la vie quotidienne, ainsi que la science fondée sur les perceptions des sens et l’activité de l’intellect conduisent les voies de la vie à une limite à partir de laquelle l’existence psychique de l’être humain devrait s’éteindre si cette limite ne pouvait être dépassée. Cette vie quotidienne et cette science ne mènent pas à cette limite de telle façon qu’il faille obligatoirement s’y arrêter, au contraire, c’est à cette limite de la vision sensorielle du monde que s’ouvre, par l’âme humaine, une perspective sur le monde spirituel.
3. Il existe des hommes qui croient qu’avec les limites de la vision sensorielle sont aussi données les limites de tout examen du monde. Si ils étaient attentifs à la façon dont ils prennent conscience de ces limites, alors ils découvriraient aussi dans cette conscience la faculté de dépasser ces limites. Le poisson nage jusqu’aux limites de l’eau ; il doit s’en retourner car il lui manque les organes physiques pour vivre hors de l’eau. L’homme arrive à la limite de la vision sensorielle du monde ; il peut constater que sur ce chemin lui sont apparues des forces psychiques pour vivre psychiquement dans un élément qui n’est pas embrassé par la vision sensorielle.
(Rudolf Steiner, Les Lignes Directrices de l’anthroposophie, 1924 – GA 26, traduction : Louis Defèche)